Les pauvres diables vont trimant
Vers un but qui toujours recule.
A l’aube comme au crépuscule
Et sous le soleil inclément,
Honteuse engeance à triste mine,
Dans la guenille et la vermine,
Les pauvres diables vont trimant.
Les pauvres diables vont peinant ;
Le fardeau leur courbe l’échine.
Dans la mine, avec la machine,
Sur la mer, sur le continent,
Dur est le pain, rude est la tâche,
Rare l’aubaine… Sans relâche,
Les pauvres diables vont peinant.
Les pauvres diables vont mourant.
Pour les consoler à cette heure,
La foi, l’espoir, rien ne demeure :
En maudissant, en exécrant
Le destin si peu tutélaire,
Fous de vengeance et de colère,
Les pauvres diables vont mourant.