Christine de Pisan

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vendredi 12 juin 2020

Christine de Pisan - Virelay I

Texte original

Je chante par couverture,
Mais mieulx plourassent mi oeil,
Ne nul ne scet le traveil
Que mon pouvre cuer endure.

Pour ce muce ma doulour
Qu’en nul je ne voy pitié,
Plus a l’en cause de plour
Mains treuve l’en d’amistié.

Pour ce plainte ne murmure
Ne fais de mon piteux dueil ;
Ainçois ris quant pleurer vueil,
Et sanz rime et sanz mesure
Je chante par couverture.
Petit porte de valeur
De soy monstrer dehaitié,
Ne le tiennent qu’a folour
Ceulz qui ont le cuer haitié

Si n’ay de demonstrer cure
L’entencion de mon vueil,
Ains, tout ainsi com je sueil,
Pour celler ma peine obscure,
Je chante par couverture.

Français moderne

Je chante pour me cacher.
Toujours plus mes yeux pleurent,
Personne ne connait la peine
Qu'endure mon pauvre cœur.

Je cache ma douleur,
car je ne trouve de pitié en personne,
Plus on a raison de pleurer,
Moins on rencontre d'amitié.

C'est ainsi que ni plainte ni murmure
Je ne fais, de ma douleur pitoyable;
Au contraire je ris quand je veux pleurer,
Et sans rime et sans mesure,
Je chante pour me cacher.

Cela vaut peu
De se montrer malheureux,
Ceux qui ont le cœur joyeux
Le trouvent ridicule.

Ainsi je ne moque de manifester
Mes états d'âme,
Mais selon mon habitude,
Pour cacher ma peine obscure,
Je chante pour cacher.

 

dimanche 7 juin 2020

Christine de Pisan

Fille du médecin et astrologue, Thomas de Pisan, elle a bénéficié d’une éducation que son père aurait aimé pousser plus loin car elle faisait preuve d’une grande intelligence et de beaucoup de curiosité, mais les usages du temps ne permettaient guère aux jeunes filles de satisfaire leur soif de connaissance. Elle le regrettera toute sa vie.

Jeune, elle se maria à Etienne Chastel, un homme issu de la noblesse normande, notaire du roi dont elle eut trois enfants.

On ne sait si ce mariage fut heureux. Son époux décéda à la suite d’une épidémie la laisse veuve. Son père meurt la même année la laissant sans ressources car il a peu économisé durant sa vie et laissé sa veuve et ses enfants sans le sou.

Toutefois, Christine, femme de caractère décide de ne pas se remarier et de devenir femme de lettre. Elle deviendra la première femme de langue française à vivre de sa plume.

Elle complète son éducation grâce à son gout pour le travail intellectuel, notamment en lisant Boèce. Grace a ses relations a la cour, elle maintient une vie mondaine et réussit à obtenir des commandes des puissants et la protection du duc d’Orléans.

Elle est aussi une des première a s’engager en faveur des femmes. Elle s’oppose notamment à certaine représentation littéraire qu’elle juge misogyne comme « le roman de la rose ».

Christine de Pisan a écrit une œuvre abondante et a su se faire un nom parmi les écrivains et savants de la fin du XIVe et début du XVe siècle. Elle termine sa vie dans un monastère ou elle s’était réfugiée, le pays étant en guerre.