En cotoyant une rivière,
Certaine femme un jour contait à sa Commère,
Qu'un enfant sur ces bords ramassant des roseaux
    S'était noyé la semaine dernière:
II avait rencontré l'Achéron dans ces eaux.
    Que dites-vous d'une telle aventure ?
Je dis que des parents méritent bien cela;
Que je ne conçois pas comme on plaint ces gens-là
Car enfin n'est-ce pas depouiller la nature,
Et de gaité de cœur perdre un pauvre innocent,
Que de ne pas prévoir un tel accident ?
    Mettons à part, l'amitié paternelle,
Pour peu, répondez-moi, que l'on ait de cervelle,
Laisse-t-on un enfant aller seul près de l'eau
II faut, en vérité, qu'on ne raisonne guère.
Grace à Dieu, quand mon fils quittera le berceau,
Il n'ira nulle part sans son père ou sa mère.
Je saurai le conduire, et d'une autre manière
        Je prétends veiller sur ses jours.
La Dame n'avait pas achevé ce discours,
Que son pied par hasard rencontrant une pierre,
La voila qui dans l'eau tombe la tête en bas.
Elle fut secourue et ne se noya pas ;
Mais sur autrui peut-être apprit-elle à se taire ?