Près de la porte Saint-Martin,
Passant la veille du scrutin,
J’vis un hommqui collait à plat
        L’affichd’un candidat !


Je m’approche en disant commça :
Les candidats, ma foi jm’en fiche.
Mais y’a du bon sur cette affiche,
Votons pour ce citoyen-là !
 
Un autre homme arrive soudain.
Un grand pot de colle à la main,
Sur le mur il colltranquill’ment
        Un nouveau boniment !


Je lis le morceau tout entier,
Pas fâché d’êtfixé tout dmême,
Je mdis : Votons pour le deuxième,
Il promet plus dchosque lpremier !

Un autre homme arrive à grands pas
Avec un tas dpapier sous lbras,
Sur le mur il colltranquill’ment
        Un nouveau boniment !


Je lis la chose tout du long,
Pas fâché d’êtfixé tout dmême :
Votons plutôt pour le troisième,
Il en promet plus que lsecond !

Le colleur s’enfuit tout à coup ;
Un autrs’amène à pas de loup,
Sur le mur il collrapid’ment
        Un nouveau boniment !


Intrigué, je m’approche encor,
Je lis l’affiche et jdis : Tout dmême
Faut voter pour le quatrième,
C’est un hommqu’est joliment fort !

Pendant quj’étais là lnez en l’air,
Un homme accourt comme l’éclair ;
Sur le mur il collproprement
        Encor un boniment !


Allons, me dis-je entre les dents,
Je donn’rai ma voix au cinquième ;
Vraiment celui-là c’est la crème,
Il enfonctous les précédents !


Une troupe arrive à ces mots
Avec des échellet des pots ;
Sur le mur ils colltranquill’ment
        Chacun un boniment !

Et tout ça disait : « Électeurs,
On vous blagusous toutes les formes,

Y a qumoi qui f’rai des réformes,
Les autres sont tous des menteurs ! »

Partout où plongent mes regards,
On colle de nouveaux placards
Où, sans façon, les candidats
        Se traitent de goujats.

Pour sûr entreux ils vont smanger,
Pensais-je en reprenant ma route,
Toutces affich’-là ça mdégoûte,
Jvot’rai pour le bravBoulanger !

Le lendemain matin, pour finir,
Ne sachant plus à quoi m’en t’nir,
De peur de mlaisser monter lcoup,
        J’ai pas voté du tout !