Je voudrais habiter un pays fabuleux,
Dont le sol, le sol ferme où la racine plonge,
Léger comme un lointain qui flotte et se prolonge,
Laissât errer mes pas sur des horizons bleus :
Je voudrais habiter dans le pays du songe !
Je voudrais sous mon toit posséder le bonheur,
Dont l'image rapide obscurément se lève
Des paisibles logis entrevus sur la grève.
Et qui tire un soupir au pauvre voyageur :
Je voudrais habiter dans le palais du rêve !
Je voudrais habiter un corps transfiguré,
Une forme très pure, exempte de mélange,
Où mon esprit vécût sans se ternir de fange,
Libre du joug infâme et du poids abhorré :
Je voudrais m'envoler avec des ailes d’ange !