Le loup touchait à ses derniers moments, et d’un regard scrupuleux interrogeait sa vie passée. Je suis vraiment, disait-il, un pécheur ; mais cependant pas, j’espère, un des plus grands. Si j’ai fait quelque mal, j’ai aussi fait beaucoup de bien. Une fois, je m’en souviens, un petit agneau bêlant, qui avait perdu son troupeau, vint à moi, et si près, que j’aurais pu facilement l’étrangler je ne lui fis rien. Une minute après, j’écoutai les railleries et les insultes d’une brebis avec la plus admirable indifférence,la plus merveilleuse impassibilité, et je n’avais pourtant rien à craindre des bergers et des chiens il n’y en avait pas.
Et tout cela, je puis en témoigner, interrompit l’ami renard, qui l’aidait à se préparer à la mort. Je me rappelle encore là-dessus les moindres circonstances c’était juste à l’époque déplorable de l’os qui t’étranglait, un peu avant que cette bonne cigogne te l’eût retiré du gosier.