
J’aime une fée aux cheveux pâles
Qui, chaque nuit, sous un jasmin.
Dégrafe, à l’ombre du chemin,
Sa lourde ceinture d’opales.
A ses poignets des anneaux verts.
Sont faits de vivants scarabées,
Et je prends les fraises tombées
De ses rouges colliers ouverts.
Mince comme une libellule
Elle s’envole bien souvent.
Et sa jupe s’entr’ouvre au vent
Comme une blanche campanule.
Ses souliers sont des genêts d’or,
Ses bas des gouttes de rosée,
Et sur sa hanche s’est posée
La neige en fleurs de messidor.
Je lui dis ardemment ma flamme.
En contemplant dans son œil pur
La mignonne perle d’azur
Qui me met tout le ciel dans l’âme !
Nous nous cachons dans les buissons,
A l’abri des feuilles cendrées,
Pour cueillir les mûres pourprées
Et chanter de folles chansons.
O cher souvenir qui me grise,
Et charme mes esprits railleurs.
Comme un nid d’oiseaux gazouilleurs
Tombé sur une route grise !
Bientôt la forêt jaunira ;
Les feuilles, comme des phalènes,
S’envoleront le long des plaines.
Et mon doux songe finira ;
Adieu les joyeuses cueillettes
De fruits mûrs et de frais baisers !
Les bois et les rêves brisés
Secoueront leurs mornes squelettes.
En attendant, bois endormi
Qui connais ma peine secrète,
Je suis, sous ton ombre discrète,
Comme dans le cœur d’un ami.
